La Parentaise du Mercredi : Quel regard est-il porté sur les personnes sans enfant ?

Pour démarrer cette 1ère Parentaise du Mercredi, je vous propose de partir sur un thème qui me parle tout particulièrement et que Lisa Manterfield dans son Whiny Wednesday avait proposé : « Not having kids is selfish ».

Whiny Wednesday: “Not having kids is selfish”

Cette remarque 15 ans auparavant j’y ai eu droit. Au détour d’une conversation une amie d’enfance me confiait qu’elle voulait à tout prix avoir un enfant avant ses 30 ans. Sa façon de voir les choses me surprenait et me faisait plus penser à une injonction qu’à un réel désir d’enfant cependant je gardais pour moi mon ressenti. A cette époque là j’avais arrêté la pilule et les ennuis de santé s’accumulaient sans avoir aucun diagnostique, je sentais bien que le chemin de la maternité ne serait pas simple pour moi aussi je lui répondis que je n’étais pas sûre d’avoir des enfants.

Elle me répondit : « Ah bon vous vous voyez que tous les 2 que c’est égoïste. »

Sa remarque m’avait profondément blessée et m’est restée longtemps en tête avec les années PMA qui suivirent. Avec recul aujourd’hui je m’interroge sur sa réaction : Qu’est-ce qui est égoïste ? Quel regard est porté sur les gens sans enfant dans notre société ?

Cela me semble pertinent d’autant qu’un reportage a été diffusé dans le journal de France 2 ce samedi 19 janvier sur ces couples qui ne veulent pas d’enfant.

Dans ce reportage au delà de leur choix transparaît l’amour que l’un et l’autre se porte, les décisions qu’ils ont pu prendre sont parfois des vrais preuves d’amour. Le témoignage de cet homme qui est allé jusqu’à une vasectomie pour se sentir enfin libéré de toute pression (que ces couples également subissent) me questionne sur notre société et sa tolérance envers des choix différents.

La liberté des uns s’arrête pourtant là où commence celle des autres. John Stuart Mill

Sommes-nous donc vraiment « égoïste » les personnes sans enfant ? Quel regard la société porte-t-elle sur nous ?

26 thoughts on “La Parentaise du Mercredi : Quel regard est-il porté sur les personnes sans enfant ?”

  1. Mon commentaire est parti dans la nature, dommage.
    Je ne dirai donc que ce qui suit : selfish…and chips.

      1. Je sais, et j’avais pas copié-collé…

        Je disais que je trouvais notre société trop intrusive, que sous la tolérance et la liberté affichées, tout est matière à juger, décortiquer…ce qui ne s’expose pas devient suspect, alors qu’il s’agit seulement d’intimité…

        Egoïstes, même si c’est vrai, et alors ? demande-t-on aux parents fertiles de justifier le fait d’avoir eu des enfants ?

        Faire des enfants et passer sa vie à les faire flipper : j’en ai entendus cette semaine, des p’tites familles modèles, qui interdisent les dessins animés, les jeux vidéos et j’en passe et des meilleures…j’avais envie de faire un procès à ma mère qui me laissait regarder Albator !

        Egoïstes les nullipares ? est-ce de l’altruisme que de faire venir au monde des gosses dans des conditions matérielles, affectives ou sociales déplorables ? et de s’en remettre aux autres (associations, adoptants, …) ?

        La pression sur les nullipares, elle existe.
        Il y a ceux qui sont à l’aise dans leur choix, et qui sont montrés du doigt (égoïstes…encore que je me demande si ceux qui profèrent cela ne sont pas un peu jaloux ???).
        Il y a ceux qui subissent leur sort, et qui sont montrés du doigt aussi (ben oui, et l’adoption et blablabla ?)

        En 2019, il y a des relents de moyen-âge dans notre société : j’ai presque envie de dire aux roux de se planquer, on ne sait jamais…

  2. Je ne pense pas qu’on fasse des enfants « pour eux », on les fait pour soi il me semble. J’entends souvent « pour laisser une trace », « pour donner un sens à ma vie ». Pardon du coup je prends la question dans l’autre sens, mais du coup il me semble que faire des enfants est une décision égoïste non ?

      1. Malheureusement une femme qui n’a pas d’enfant doit toujours se justifier de ne pas en avoir alors que l’on ne demande jamais à une mère pourquoi elle l’est devenue.

        1. Ça m’est arrivé de poser la question à deux reprises, et j’ai obtenu:
          1. »ben! elle est con ta question! c’est normal, c’est la nature, c’est la suite logique des choses »
          2. « Pff! ça c’est bien une question d’une nana qui n’a pas de gosse! »
          euh! comment dire… lol

    1. Merci Kae pour cette contribution visuelle qui permet d’alimenter la discussion.
      Quand à la concordance : « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous » disait Paul Eluard.

  3. C’est tellement bien la maternité…pourquoi la mère de Marie Laure (1er reportage)n’a-t-elle eu qu’un enfant ?

  4. Je peux juste mettre mon grain de sel en disant que j’ai tellement envié les femmes qui ne voulaient pas d’enfant et qui étaient sûres de leur choix.
    Dans mon expérience, tout ce qui dévie du schéma classique est vécu par les autres comme une remise en cause de leur vie et de leurs valeurs, voire une agression. Je rejoins Milette, l’égoïsme n’est pas plus du côté des personnes sans enfant.

    1. Isabelle Tilmant le dit très bien dans la vidéo au dessus : « le fait de désirer un enfant ou de ne pas en désirer c’est pour soi’ donc ça reste égoïste de faire un enfant comme de ne pas en avoir. Porter un jugement quoiqu’il soit est subjectif mais je trouvais intéressant de partir de ce cliché qu’on entend trop souvent pour le déconstruire 😉

  5. Bonjour Artemise,

    Merci pour ce beau premier Whiny Wednesday à la française ! Mais ouiiiin justement, j’ai loupé son lancement car je n’ai pas reçu de notification ! Qu’à cela ne tienne, je viens de me réabonner…

    J’avais entendu une émission sur France Inter qui m’avait beaucoup inspirée, avec la docteure en psychologie Edith Vallée : https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-24-mai-2018

    Selon elle, il existe trois profils de femmes qui ne veulent pas d’enfant :
    – Les femmes qui se réalisent dans l’union, avec leur conjoint, la nature, l’art… Elles se sentent complètes sans enfant, il n’y a pas de place pour un troisième acteur dans leur vie.
    – Les femmes dont l’action et l’énergie vont ailleurs que dans la maternité.
    – Les femmes qui sont en rupture avec le monde : celles qui ne veulent pas reproduire leur expérience ou transmettre quelque chose, celles qui refusent le monde tel qu’il est (pour des raisons écologiques par exemple).

    Je pense que beaucoup de choix que l’on fait sont égoïstes au final, car on les fait en fonction de notre subjectivité. Certains sont prêts à l’admettre, d’autres non (parents comme non parents). J’ai envie de dire aujourd’hui que faire un choix égoïste, c’est parfois sain… autant se protéger que de se sentir obligé de faire des choses pour tout un tas de mauvaises raisons. Le problème est plutôt à mon avis que certains n’interrogent pas l’origine et le bien-fondé de leurs désirs, ce qui fait qu’ils regrettent leur choix plus tard.

      1. Merci Kae pour ta réponse ! Je trouve que c’est déjà positif d’en prendre conscience, non 🙂 ? J’ai bien aimé ton dernier post de blog sur ce sujet. Je pense que le point commun des femmes qui ont été confrontées à l’infertilité est de s’être posé souvent beaucoup plus de questions que les autres sur leur désir d’enfant. De mon côté, j’ai vraiment eu cette envie viscérale d’enfant et je ne me suis jamais imaginée « dans le futur“ autrement que mère.
        Mais quand les difficultés sont arrivées, j’ai été très réticente à entrer en PMA et j’ai d’ailleurs arrêté assez vite les traitements (je ne suis pas allée jusqu’à la FIV). Le fait que la grossesse n’arrive pas « naturellement“ m’a vraiment forcée à réfléchir jusqu’où j’étais prête à aller pour un enfant qui, dans tous les cas, n’était pas garanti, et dont je ne pouvais pas anticiper l’impact sur ma vie. Et parallèlement, j’ai élargi mon champ des possibles et fini par envisager après plusieurs années une vie différente mais tout aussi heureuse sans enfants…

  6. Je trouve ça bizarre qu’on veuille à tout prix décortiquer les raisons qui poussent les femmes à ne pas vouloir d’enfants, et jamais celles des femmes qui ont voulu des enfants…. comme si un choix était moins légitime que l’autre..

    (tiens d’ailleurs les hommes, qu’ils en veuillent ou pas, on leur f.. royalement la paix non?)

    A quand une émission « je veux des enfants et c’est mon choix »?

    Pour ma part j’ai voulu des enfants (et j’ai eu la chance de les avoir facilement). Mais je serai bien en peine de mettre des mots sur mes motivations… et je serais bien embêtée pour répondre si d’un coup mon entourage se mettait à me poser la question avec autant d’insistance que cette inquisition menée auprès des Childfree!

  7. Pour moi la réponse est clairement Non ! Si c est un choix c est personnel et ça ne doit pas être juger. On peut donner du temps aux autres sans être parents, et clairement avoir des enfants ne rend pas les gens généreux !!! Et si ce n est pas pas un choix… Comment dire… Comment peut-on encore rajouter une peine (se faire critiquer) à une peine qu on n a pas choisi… Il faut vraiment n avoir aucune réflexion pour sortir ce genre de phrase à l emporté pièce.. Je pense que les gens le disent sans réfléchir à l impact que cela peut avoir derrière .. La petite phrase complément assassiné dont il ne se sont pas rendue compte…

  8. Personnellement je ne trouve rien de plus égoïste que le fait de mettre un enfant au monde. Enfin quoi c’est vrai! Qui se dit « la vie est tellement belle, c’est tellement un cadeau que je vais être altruiste et faire ce cadeau là à un nouvel être humain, au détriment de mes nuits, de mon insouciance, de ma liberté et de mon argent »

    Vouloir un enfant c’est hyper égoïste. Ne pas avoir d’enfant est minoritairement un choix

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