La Parentaise du Mercredi : quelle stratégie adoptée face à la question « avez-vous des enfants » ?

« Avez-vous des enfants ? »

Cette question, en plus d’être intrusive, est un sujet sensible que l’on n’a pas forcément envie d’aborder avec le premier venu. Et pourtant nous y sommes tous confrontés au quotidien dans une société où la norme est d’avoir des enfants.

Sommes-nous obligés de répondre à cette question si nous n’en avons pas envie ?
Tout dépendra principalement du contexte et si nous sommes assez en confiance pour nous étendre sur le sujet.
Si l’on ne se sent pas à l’aise, il vaut mieux éluder la question et ne pas hésiter à renvoyer à la personne sa propre question : « Pourquoi avez-vous des enfants ?  » surtout si elle se montre insistante.

En écrivant cet article, je réalise que ma réponse a évolué depuis toutes ces années entre la gêne, la colère, la tristesse et puis l’acceptation comme si finalement cette question reflétait là où j’en suis face au deuil d’une vie sans enfant.

Je suis passée du « Non malheureusement je n’ai pas d’enfant » à « Non mais j’ai la chance d’avoir un mari et un métier que j’aime. » J’ai préféré opter pour cette version auprès d’inconnus quitte à passer pour une égoïste carriériste mais au moins je n’ai pas droit à cette sempiternelle question : « l’adoption, vous y avez pensé ? » ou au fameux « Miracle » qui arrive après qu’on est tout est arrêté… quoique je serai ravie de leur répondre que je n’ai plus d’utérus ce qui devrait les refroidir.

Après une grossesse arrêtée, cette question peut-être extrêmement difficile à vivre, je me rappelle avoir eu envie de répondre à la place du « non » « oui mais il est mort » pour couper court à toute conversation. Et depuis je crois que même si je réponds « non je n’ai pas d’enfants » une partie de moi pense et pensera toujours « oui j’ai eu des enfants ».

Mais pourquoi sommes-nous toujours obligés de nous justifier pour tout ?

Lisa Manterfield dans son ebook Dealing with Social Landmines”  l’explique très bien :

Don’t give people a problem to solve.

If you don’t give people a problem to solve, their helpfulness doesn’t get the chance to kick in.

Vous pouvez vous procurer son guide sur son site et retrouver quelques extraits ici :

Que répondre à la question : “Avez-vous des enfants ?”

Et vous quelles sont vos stratégies face à cette question ?

Pourquoi ne pouvons-nous pas répondre tout simplement : « Non » et sommes obligés de nous justifier que ce soit un choix ou non de ne pas avoir d’enfant ?

Même notre président y a eu droit :

13 thoughts on “La Parentaise du Mercredi : quelle stratégie adoptée face à la question « avez-vous des enfants » ?”

  1. Et bien cela dépend du public que j’ai en face de moi. S’il s’agit des ados que j’accompagne au quotidien, je dis simplement « je n’ai pas d’enfant », s’il s’agit d’un adulte tout dépend comment est tourné la question et le degré d’intimité que j’ai avec lui/elle. Mon homme, lui, plusieurs fois, a répondu « on ne peut pas en avoir » à cette fameuse question.

    1. T’as raison Annmy, on n’a pas besoin de sentir une gêne quelconque. se justifier, c’est déjà s’accuser…mais de quoi au fait ?

      1. c’est vrai… de quoi finalement ? Face à mes ados, je n’ai pas d’enfant. Point. Je leur ai cela normalement lorsqu’ils m’ont posé la question à un moment donné.

  2. Bon, là on peut plus vraiment me demander (…) mais je répondais toujours que parfois, on avait pas toujours ce qu’on voulait dans la vie. Mais l’infertilité et la PMA n’ont jamais été tabou dans ma vie. La preuve, dans un article que j’avais fait quand le recruteur m’a demandé si j’avais / voulais des enfants…au final, le plus mal à l’aise, c’était lui. Pas moi.

    Et j’ai d’ailleurs ma meilleure amie qui elle, n’en veut pas du tout – et elle le crie haut et fort quand on lui demande que faire des mioches, c’est comme les antibiotiques, c’est pas automatique ^^

  3. Plus le temps passe, et mieux je gère la question! Si elle est juste posée simplement sous la forme « vous avez des enfants? » je réponds tout aussi simplement « non » et c’est tout. Finalement je me suis aperçue que la façon calme et assurée de prononcer ce non fait qu’en général on n’en demande pas plus, pas de « ah bon? pourquoi? ». Avant je pense que je devais dégager un truc pas serein, et ça générait des demandes « d’explication ». Aujourd’hui ça n’est plus le cas (ou rarement), et quand cela arrive encore je réponds « Hé! C’est juste comme ça. »

    1. C’est exactement ce que j’ai aussi constaté si le ton est calme posé notre interlocuteur est « rassuré » et ne posera pas de questions car finalement c’est lui qui est mal à l’aise.

  4. Maintenant je réponds simplement et avec assurance « Non ». Si la personne « insiste » pour savoir « pourquoi? », avec la même simplicité et assurance je dis « Hé! C’est juste comme ça. » Et voilà. Simplissime.

  5. J’avoue en ce moment je choisi l’option de couper l’herbe sous le pied en disant « je n’ai pas d’enfant et on ne peut pas en avoir » même à une personne inconnue (comme je parle de mon adorable mari tout au début d’une conversation avec un homme pour être sûre que les choses soient claires, mon affabilité n’est pas de la séduction). C’est vrai que du coup on me demande souvent si on ne souhaite pas adopter ou si on a pensé aux dons… Je réponds qu’à part une greffe d’utérus ou un rapt d’enfant, non ils n’y plus rien à faire (avec un grand sourire). L’adoption on est trop vieux, c’est trop long et trop aléatoire pour s’y risquer… Je crois que je suis dans une phase où je veux être reconnue dans notre statut de couples sans enfants par accident, de ne pas être invisible… même si je dois expliquer, il faut croire que j’ai besoin d’expliquer, d’engager la conversation… Parfois ça donne de drôle de conversations, comme ce collègue qui me confie qu’il est triste de ne pas être papa ou cette inconnue qui me confie que son compagnon ne veut pas entendre parler de spermogramme… J’ai l’impression que ce deuil est, de toute façon, tatoué sur mon visage… Mais parfois ça ne s’y prête pas, comme à un dîner chez des cousins de mon mari, je n’ai pas réussi à évoquer la question et ils ne m’ont rien demandé, du coup c’est là que moi je me sens bizarre….

  6. Tout dépend de la personne que j’ai en face de moi, souvent j’explique notre situation même si cela m’expose du coup facilement à des solutions toutes trouvées : fais une FIV, adopte… Parfois je ne sais pas quoi dire car le contexte me bloque (cf un de mes derniers articles sur les voisins).
    Même si je suis souvent obligée de faire de la pédagogie (non l’opération de l’endométriose ne règle pas tout, non les FIV ne marchent pas à tous les coups, non l’adoption ce n’est pas le même projet et ça n’est pas toujours la réponse à l’infertilité, etc.), le plus dur pour moi, ce sont les personnes insistantes qui demandent clairement « mais pourquoi ? » à un simple « non » (exemple récent d’une vieille dame du village qui, de surcroît, m’a mise en garde, le travail ça ne fait pas tout ?) ou celles qui ne savent même pas que l’infertilité existe, exemple de cet après-midi à la patinoire : « vous avez des enfants ?
    – Non.
    – Ça ne va pas tarder alors (grand sourire et clin d’oeil de circonstance) »

    ?

    1. J’ai pensé à toi et ton article en publiant ce sujet de réflexion. La maladresse malheureusement est souvent de circonstance le nombre de collègues qui savent que j’ai une endometriose sévère et qui me disent que tout est encore possible pour moi, quand elle voit Laetitia Millot parlé de son miracle, remue bien le couteau dans la plaie avec cette opération ultime.

  7. Bonjour Artemise,

    Quelle bonne question, qui a déjà fait couler tant d’encre, énervé ou blessé plus d’une d’entre nous…

    La difficulté pour moi, c’est toujours d’estimer a priori pourquoi la personne que j’ai en face me pose cette question :
    Soit elle veut juste me parler de ses enfants et échanger sur l’expérience de parent, et dans ce cas-là elle sera gênée de ma réponse et se tournera spontanément vers d’autres personnes car nous n’aurons rien à nous dire (ce qui est parfois mortifiant).
    Soit elle essaie vraiment de savoir ce qui fait mon quotidien et elle se contentera de ma réponse pour aborder d’autres sujets.

    Dans le premier cas, j’aurais envie de répondre : « Et vous, pourquoi avez-vous des enfants ? » Ou bien : « Pourquoi voulez-vous le savoir ? »
    Dans le deuxième : je voudrais répondrais tout simplement « non » d’un ton posé pour qu’on passe à autre chose.

    J’ai bien évolué sur ce sujet au fil des années, tout au début je disais « non, pas encore » et cette question me faisait beaucoup souffrir car elle soulignait mon manque, puis au fil de l’acceptation, je n’ai plus eu honte de dire « non, nous ne pouvons pas » pour que mon deuil soit reconnu. Aujourd’hui, j’ai de moins en moins le besoin de me justifier et pas envie de faire de la pédagogie avec tout le monde, donc ça dépend un peu de mon humeur et de la personne que j’ai en face.

    Ma pire expérience a été un collègue qui m’a un jour demandé : « Tu as combien d’enfants ? », ce qui sous-entendait qu’il n’était même pas envisageable que je n’en ai pas.

    Et évidemment, des réponses comme « ne vous inquiétez pas, ca arrivera plus vite que vous ne le pensez ! » me hérissent le poil !!

  8. Ça m’est arrivé pas plus tard que ce matin. On parlait des plantes qu’on ne doit pas prendre en étant enceinte. Du coup la personne me dit: ah mais tu as des enfants? J’étais super gênée parce que la grossesse n’a pas de secrets pour moi, après une fausse couche et 4 ans d’essais, alors j’ai bafouillé Non, mais j’ai une amie pharmacienne qui m’apprend les secrets de plantes… gros lol. J aurais Du dire, oui un qui est mort et sinon ça fait des années que je me renseigne mais tout connaître n’en ma pas aidé à retomber enceinte…

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