La Parentaise du mercredi : Comment savoir quand s’arrêter ?

Suite à la diffusion du documentaire PMA, le meilleur des mondes ? 

  • Un film de Laure Noualhat, Jean Crépu

Avec les techniques médicales de procréation, tous les enfants sont désormais possibles. Seule ou à deux personnes de même sexe, avec ou sans son propre patrimoine génétique. Aujourd’hui, plus de 25000 enfants naissent chaque année via la PMA en France. Mais celle-ci reste exclusivement réservée aux couples hétérosexuels. Le désir d’enfant, lui, traverse tout le monde : célibataires, couples gays et lesbiens. C’est ce que les personnages de PMA, le meilleur des mondes ? prouvent à chaque instant. La médecine procréative doit-elle répondre à tous ces désirs ? La société peut-elle penser aussi vite que les avancées techniques ? Comment imaginer ce que la reproduction artificielle modifie de notre Humanité ? Ce sont ces questions auxquelles plusieurs experts (médecins, psychanalystes, membres du Comité d’éthique) tentent de répondre. La révision des lois de bioéthique devrait être le moment propice pour penser calmement cette (r)évolution. Mais sera-t-elle suffisante alors qu’une industrie de la reproduction est déjà à l’œuvre pour répondre à tous les désirs d’enfant… ?

J’avais eu l’occasion de m’entretenir en janvier 2018 avec la journaliste qui a co-réalisé le film, elle était à la recherche de personnes ayant renoncé à avoir des enfants. Je m’étonnais de voir encore une fois que la parole de celles et ceux passés par la PMA et qui en sont ressortis sans enfant ne soit pas concernée, le documentaire portant sur l’infertilité dite « sociale » : les femmes seules, les retardataires ou les couples homosexuel. Cependant elle pris en compte ma remarque comme son documentaire évoque brièvement ce cas de figure.

Ce film permet de soulever une question essentielle : pourquoi vouloir un enfant et à quel prix ?

Je vous propose par conséquent de réfléchir à sa propre limite face au désir d’enfant Jusqu’où est-on prêt à aller ?

Jusqu’où suis-je prête à aller pour cette quête de l’enfant peut-être impossible ?

En lisant les parcours parfois chaotiques de certaines femmes qui ont accumulé de nombreuses tentatives et qui ont été prêtes à tout tenter, je me suis posée cette question légitime car le parcours peut se finir sans enfant mais pas sans dommages…

Cette quête de l’enfant peut nous faire passer à côté de tout ce qui nous entoure et à côté de la personne qu’on aime en nous faisant oublier la raison même de pourquoi nous voulions un enfant car ce désir viscéral a pris le dessus.

La question de la limite me semble intéressante à poser pour sortir la tête du guidon et nécessaire pour prendre du recul, cette quête peut-être sans fin.

Aussi, je vous propose aujourd’hui de vous interroger sur la question de votre propre limite : comment savoir quand s’arrêter ?

Nous sommes plusieurs à y avoir répondu dans le forum privé de discussion et j’en parlais également ici : Rétrospective sur l’arrêt de la PMA : Comment j’ai su quand m’arrêter ?

Comment avez-vous su que votre limite était atteinte et pourquoi n’avez-vous pas eu recours à des procédures du type GPA ?

6 thoughts on “La Parentaise du mercredi : Comment savoir quand s’arrêter ?”

  1. C’est une limite très personnelle, propre à chacun(e). Certains s’arrêtent aux portes de la pma, refusant l’aide médicale, d’autres partent à l’étranger faire une gpa.
    Les derniers temps, je me suis posée cette question de la limite. La réponse a toujours été que je n’étais pas prête à arrêter. J’avais très peur que mon mari n’en puisse plus avant moi. Je pense qu’il doit être extrêmement douloureux d’arrêter malgré soi, avant d’atteindre sa propre limite. C’était une question très angoissante pour moi car je n’étais pas certaine de savoir m’arrêter. J’aurais pu mourir je crois pour cet enfant. Le miracle a eu lieu, alors on ne saura jamais. J’ai l’impression qu’on connaît sa limite une fois qu’on l’a atteinte. En ce qui concerne la gpa, au début de mon parcours, j’y étais totalement opposée. Je trouvais que c’était de l’exploitation. Ensuite, en lisant des témoignages, mon opinion a évolué. Mais je trouvais tout de même que c’était beaucoup demander à une inconnue. Et puis, il y a la somme astronomique à trouver, sans garantie au bout, et l’organisation, et les démarches si longues et compliquées. Et puis aux États Unis, il faut que l’enfant soit en lien génétique avec au moins l’un des deux parents, alors la question ne s’est plus posée.
    Je souhaite beaucoup de courage à toutes celles qui sont dans ce genre de réflexions.

  2. Oui c’est très personnel et ma propre limite a elle-même évolué dans le temps. Au début de la PMA, je m’étais fixé l’âge de 41 ans et je ne sais vraiment pas pourquoi cet âge-là. Puis on s’est dirigés vers une fiv avec don d’ovocytes et j’ai eu ma fille à presque 43 ans. Pour un éventuel petit deuxième, on s’était dit qu’on ferait 2 tentatives, puisqu’il nous restait 2 embryons et je m’étais également fixé la nouvelle limite de 45 ans (âge de ma grand-mère maternelle pour son petit dernier et douzième enfant). Finalement, ce qui m’a vraiment fait prendre la décision d’arrêter c’est mon état général (physique et psychique): trop fatiguée par plein de choses et peur des risques encourus (que j’avais bien voulu prendre pour la première). Bref, c’est très compliqué je trouve… Je t’embrasse.

    1. Merci Fortuna pour ton témoignage, je te rejoins aussi en ce qui concerne la limite d’âge qu’on se fixe, pour ma part cela a évolué aussi de 27 ans je suis passée à 32 puis 35. Je ressentais ensuite après tous les échecs accumulés que cela devenait un vrai engrenage et qu’il fallait à tout prix en sortir sans y laisser des plumes aussi j’ai fixé à 40 ans mon dernier délai. Je pense aussi que la maladie et l’épuisement m’ont aidé à prendre cette décision, je t’embrasse bien fort

  3. Merci de proposer cette question Artemise ! Je pense que la limite est propre à chaque couple… dans notre cas, nous avons arrêté très tôt. Je ne supportais plus de conditionner mon bonheur à l’arrivée non garantie d’un enfant, et l’effondrement après les échecs me semblait plus insurmontable que la perspective de reprendre ma vie en main et continuer sur d’autres projets, même si cela signifiait de mettre un terme à mon rêve de toujours.
    Quelle que soit la limite du couple, je trouve qu’il y a une forme de sagesse à l’accepter. Le plus difficile pour nous a été de faire comprendre à notre entourage que notre deuil ne méritait pas moins d’être respecté, même si nous n’avions pas « tout tenté ».
    J’avoue que les injonctions de la société pour repousser les limites médicales toujours plus loin me font un peu peur aussi… à mon avis, cela n’aide pas les couples à s’arrêter quand les limites « raisonnables » ont été atteintes.

    1. Merci Léa pour ta participation et ton expérience qui m’a donné envie de relancer aujourd’hui dans la Parentaise du mercredi un thème qui est totalement en lien, le renoncement tellement peu valorisé dans notre société. Je suis admirative de ta clairvoyance si tôt même si chaque parcours est unique et dans mon cas la PMA était la seule option possible avec la maladie pour avoir un enfant et je crois que je suis partie dans cette aventure il y a plus de 10 ans assez naïvement en étant sûre d’y arriver sans savoir que la PMA ne marche pas toujours.

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