La Parentaise du mercredi : quelle est la meilleure manière d’échanger en tant que parent avec une personne sans enfant ?

Je remercie chaleureusement les différentes personnes qui ont participé aussi bien ici que sur les réseaux sociaux à la Parentaise de mercredi dernier : peut-on garder ses amis en n’ayant pas d’enfant ?

Cette semaine afin d’approfondir la question nous allons nous intéresser aux parents (peut-être à celles et ceux qui ont eu la chance de finir la PMA avec un ou plusieurs enfants) et à la meilleure manière d’échanger avec celles/ceux qui n’ont pas eu cette chance : comment parler du parcours, de ses ressentis, de sa vie sans blesser ?

Cette question montre déjà l’empathie que la personne porte à notre égard donc n’hésitez pas à partager votre expérience.

Afin de démarrer cette discussion, je vous propose de retrouver le point de vue d’un parent sur les personnes sans enfants que j’avais découvert en 2016 et dont les mots avaient mis du baume au cœur sur ce que je pouvais ressentir.

5 phrases que les parents doivent arrêter de dire aux personnes sans enfants, John Kinnear

Ça donne ça en général: « Aah, tu sais ce qui m’énerve? Quand une telle compare son chien à mon gosse. Ou quand un tel parle de son chien comme de son enfant. Les chiens ne sont pas des enfants! Ils ne se rendent pas compte! »

Vous savez quoi? À moins que ces personnes n’aient besoin d’aller voir un professionnel, je vous garantis qu’ils savent que leur chien n’est pas un enfant humain. Ils savent aussi que cela est incomparable. Ce qu’ils veulent dire au fond c’est: « Oh, mais oui, moi aussi il y a quelque chose dans ma vie qui fait caca ET qui m’apporte beaucoup de bonheur ».

Ils essaient seulement de se rapprocher de vous qui parlez constamment de vos enfants. Je sais qu’il est difficile de se sentir proche de vos amis quand ils n’ont pas d’enfants: avant vous étiez inséparables et maintenant vous vous voyez de temps en temps pour tenter de vous tenir au courant mais vous n’avez plus grand-chose en commun. Bien sûr, vous étiez meilleurs amis à la fac mais vos vies sont maintenant très différentes. Donc quand « un tel » ou « une telle » parle de nettoyer son tapis pour en enlever les crottes de son chien quand vous venez de raconter que vous aviez dû vous laver les cheveux pour faire disparaître du caca qui s’y était logé, soyez compréhensif. Ils essaient simplement d’être gentils. Et vous leur manquez.

2. « Tu crois que [insérez ce que vous voulez]? Essaie donc d’avoir des gosses! »

Fatigué, stressé, à bout, couvert d’urine, peu importe. Nous, les parents, nous utilisons trop souvent nos problèmes pour minimiser ceux des non parents. « Oh, tu as bossé 50 heures la semaine dernière? Essaie donc d’avoir des gosses! », « Oh, tu penses que tu as mal aux pieds parce que tu as bossé dehors toute la journée? Moi j’ai couru après mon bébé pendant… Vas-y, mets-moi une claque, je sens que ça te démange ».

Ce n’est pas une compétition. Si, sur une échelle de 1 (tout va bien) à 10 (vous faîtes un malaise dans la douche et vous ne reprenez vos esprits qu’une fois toute l’eau chaude épuisée), votre ami est à 7 et que vous étiez à 9 les semaines qui ont suivi l’accouchement: peu importe, votre ami est toujours aussi crevé.

Ce n’est pas que votre expérience n’apporte rien à la conversation mais au lieu d’insinuer « ma douleur est plus grande que la tienne », essayez plutôt de compatir. Pourquoi ne pas utiliser votre expérience pour aider au lieu de minimiser. Essayez quelque chose comme: « Wow, je comprends que tu sois claqué. Quand je n’en pouvais plus au moment où ma fille est née j’ai découvert que me verser du café directement sur les yeux était très efficace. »

3. « T’en fais pas. Tu verras, quand t’auras des enfants… »

… les crottes de nez ne te dégoûteront plus, tu sauras qui est Dora l’exploratrice, tu seras heureux… Stop! Il faut qu’on arrête de croire que tout le monde va avoir des enfants. Certains n’en veulent pas et font le choix de ne pas en faire. Certains en veulent vraiment et essaient de toutes leurs forces.

Dire à ces personnes qu’avoir des enfants est le seul moyen de s’élever vers un niveau d’existence supérieur est à la fois extrêmement impoli et désobligeant. Je n’ai pas d’alternative à proposer, supprimez tout simplement les phrases qui commencent par « Quand t’auras des enfants… ». Et puis ça donne l’impression que l’on veut jouer aux grands de toute façon.

4. « Est-ce que je peux amener les enfants? »

À moins que vous n’ayez déjà eu une conversation à ce sujet avec vos amis comme quoi vos bouts de chou étaient toujours les bienvenus, partez du principe que non, les enfants ne sont pas invités.

Ne posez même pas la question. Si on en voulait on les aurait invités et il aurait été question des super activités qui leur seraient réservées. En demandant cela, vous mettez mal à l’aise vos amis qui doivent décider s’ils acceptent les enfants ou non. Si ce n’est pas le cas, ils savent ensuite qu’ils vont devoir fournir une bonne explication pour justifier leur refus. Ne leur faîtes pas ça, ce n’est pas sympa.

5. « Ma vie n’avait pas de sens avant que je n’aie des enfants ! »

Autant dire: « Ma vie n’avait aucun sens avant que je n’ai des enfants » ou même « Sans enfants, la vie n’a aucun sens ».

Je connais ce sentiment. Parfois, j’ai l’impression que toutes les inquiétudes que je pouvais ressentir avant d’avoir mes enfants étaient insignifiantes. Je comprends cette envie de le crier sur tous les toits. Mais ne le faîtes pas. Votre vie n’est peut-être plus la même maintenant mais votre vie avant vos enfants était importante et vos amis sans enfants en font partie. Ne sautez pas ce passage comme certains sautent l’avant-propos d’un livre qu’ils veulent vraiment lire. Ne pas prendre en compte « l’avant enfant » c’est dire à vos amis que leur vie n’a pas commencé.

Enfin, si vous avez fait ou dit l’une des choses ci-dessus, pas besoin de vous excuser. Mettez-y seulement un terme. Vous excuser ne ferait qu’aggraver la situation. J’ai bien essayé mais le résultat n’a pas été très convaincant, c’était un peu du genre: « Oh, mon pauvre petit chéri qui n’a pas d’enfants. Je suis désolé de m’être laissé emporter par la joie et le bonheur d’être parent au prix de notre amitié. S’il te plaît, pardonne-moi ».

Le pardon n’était pas nécessaire. Je n’avais blessé personne. Je les avais seulement fatigués. Pardonner aurait été comme pardonner à une mouche de se poser sur vous. Je promets donc de faire plus attention à ce que je dis et comment je le dis. Je vais essayer d’être un ami plus qu’une mouche. Quand je dis plus qu’une mouche, je veux dire que je me poserai pas sur mes amis, je ne leur vomirai pas dessus avant d’essayer de les manger. La fac c’est fini, je ne joue plus à ça.

http://www.huffingtonpost.fr/john-kinnear/5-phrases-parents-doivent-arreter-dire-personnes-sans-enfants_b_3609607.html

8 thoughts on “La Parentaise du mercredi : quelle est la meilleure manière d’échanger en tant que parent avec une personne sans enfant ?”

  1. je me souviens avoir lu cet article (grâce à toi déjà sûrement) et il m’est arrivé d’y repenser à plusieurs reprises. Impossible d’éviter les bêtises et maladresses, mais le minimum c’est d’essayer d’être un peu attentif à ce que peut ressentir la personne à qui on s’adresse

  2. Oh quelle belle personne ce monsieur, pleins de bienveillance, merci pour cet article. Je ne suis pas confrontée à tous. Le n°1, je parle parfois de mes chats comme de mes enfants (je raconte la première fois qu’il a réussi à passer sa nouvelle chatière électronique avec autant d’enthousiasme qu’un parent s’extasiant devant les premiers pas de son petit dernier) et c’est vrai je sais très bien que ça n’a rien de comparable avec un enfant… Tout à fait d’accord pour dire que ça permet de participer à une conversation trop orientée enfant… Le n°3, j’aimerai bien que nos amis nous épargnent la corvée de devoir leur refuser la présence de leurs enfants, surtout depuis que nous n’avons plus d’espoir d’en avoir un jour. Le n°5 m’écorche souvent mais je l’entends plus dans les médias par exemple. J’essaye de relativiser en me disant que c’est juste l’avis de la personne et qu’on donne le sens que l’on veut à sa vie. (j’ai moi-même été maladroite il y a des années avec une amie qui ne pouvait pas avoir d’enfant en lui disant que ma vie serait foutue si je n’étais pas mère un jour… J’ai bien changé d’avis depuis et heureusement sinon bonjour la déprime 😉 Je me rends compte que j’ai beauuuuuucoup plus d’imagination pour trouver que non ma vie n’est pas ruinée, juste différente….)

  3. Après beaucoup d’années frustrantes auprès d’amis, enfin ex-amis maintenant, qui ne voyaient que pour et par leurs enfants, me faisaient culpabiliser de ne pas faire pareil et m’ostracisaient sans (vraiment) y penser, j’ai décidé de changer d’entourage…. initiative ô combien salutaire ! Je choisis vraiment mes amis, et ne fréquente plus les relous sus-nommés. ça m ‘a changé la vie !

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