Choix ou circonstances – Comment les couples envisagent-ils l’avenir sans enfant ?
Après avoir passé des années à tenter de concevoir, après avoir subi divers cycles de PMA, réaliser qu’on ne deviendra jamais un père ou une mère est absolument déchirant. Pour la plupart des couples qui n’ont pas fait ce choix, la perspective de vivre sans enfant se révèle obsédante, éprouvante et dévastatrice. Ainsi, envisager l’obligation de « passer sa vie sans enfant » tout en étant capable d’être heureux, épanoui et de trouver un sens à sa vie peut paraître relever de l’impossible. Que faire de sa vie maintenant que le traitement est terminé, comment gérer l’exclusion sociale pour panser la profonde tristesse qui reste au fond du cœur et de l’âme… Apprendre à vivre sans enfant est tout sauf un processus facile.
On peut en arriver involontairement à ne pas avoir d’enfant de multiples façons : l’infertilité, le mariage avec un partenaire qui ne souhaite pas d’enfant ou une tentative trop tardive n’en sont que quelques-unes. Mais quelle que soit la raison, il est vital de reconnaître l’absence d’enfant comme une véritable perte et de se laisser le temps de faire son deuil. Comme cette perte ne se manifeste pas physiquement, de nombreuses personnes qui n’ont pas choisi de vivre sans enfant ressentent un profond sentiment de perte et de chagrin qui demeure invisible aux yeux de tout un chacun. La perte est invisible, et reconnaître et accepter ces sentiments permet de réaliser qu’il est parfaitement normal de se sentir triste et vulnérable.
Comme toutes les personnes auxquelles il manque quelque chose d’important, les individus confrontés à l’absence d’enfant traversent plusieurs phases de chagrin. C’est un processus qui doit être effectué pas à pas, jour après jour…
Pour certains, lorsqu’on est confronté à cette adversité, apprendre à s’adapter au jour le jour est la seule manière d’aller de l’avant. Changer de mode de vie, profiter au maximum de la « liberté » que leurs amis qui ont des enfants adoreraient avoir… Mais en réalité, ils échangeraient volontiers tout cela pour avoir la chance de fonder leur propre famille.
Le chagrin de ne pas avoir d’enfant n’est pas quelque chose qui finit simplement par disparaître, plusieurs mécanismes entrent en jeu. Entre la famille, les collègues qui annoncent être enceintes, les autocollants « bébé à bord », les fêtes de famille, les photos Facebook des enfants à Halloween, des lendemains de Noël silencieux et des goûters calmes, on se sent souvent sur le banc de touche de la vie. On apprend à vivre avec cette sensation et à l’accepter du mieux que l’on peut.
Au départ, l’absence d’enfant peut être difficile à gérer, et trouver la paix en acceptant sa situation ou les circonstances demande du temps.
Voici donc quelques outils et techniques qui aident à supporter les périodes difficiles et à retrouver joie et bonheur :
Se connecter aux autres et trouver sa tribu
Qu’il s’agisse d’infertilité ou d’autre chose, les circonstances qui obligent à vivre sans enfant peuvent conduire à se sentir extrêmement isolé. De nombreuses personnes trouvent qu’il est incroyablement efficace d’entrer en contact avec d’autres couples dans la même situation, que ce soit en ligne via une association de soutien aux personnes sans enfant ou dans un groupe local. Prendre conscience qu’on n’est pas seul et partager ses sentiments, dans un environnement bienveillant où l’on n’est pas jugé, est une véritable clé. Reconnaître que ses sentiments sont normaux et fondés, et même justifiés, et avoir la possibilité de parler à des personnes qui comprennent et « pigent le truc », est incroyablement efficace.
Se concentrer sur ce qu’on peut contrôler
Durant la plus grande partie du traitement de fertilité, on ressent souvent une véritable impression de « perte de contrôle ». Le protocole médical est épuisant : on suit une procédure, on s’injecte des médicaments à des moments précis, on passe des contrôles, on ponctionne ses ovaires, etc. Le désir d’enfant devient l’unique objet de préoccupation et on néglige les autres parties de la vie qui apportaient pourtant joie et bonheur avant le traitement. En se tournant à nouveau vers ces autres parties oubliées, on recommence petit à petit à intégrer dans sa vie des choses sur lesquelles on a un pouvoir d’action. Il est bon de se mettre au sport et de renouer avec les activités qu’on aimait mais qu’on a abandonnées pour laisser la priorité au traitement. Côté carrière, ce peut être le bon moment de se poser des questions et de s’engager dans quelque chose de vraiment gratifiant, en accord avec ses passions et ses aspirations.
Prendre soin de soi
Prendre soin de soi est la chose la plus fondamentale pour « nourrir et aimer son corps ». En particulier après une FIV, mettre à jour son régime alimentaire et sportif peut se révéler particulièrement efficace pour reprendre le contrôle et donner à son corps ce dont il a besoin. Entre les longs bains chauds, les petits repas savoureux, les belles balades ou les pauses pour se reconnecter avec soi, le choix est vaste !
Laisser le temps au temps
Dire que « le temps guérit tout » est un cliché, et c’est rarement ce qu’on souhaite entendre, mais accueillir chaque jour après l’autre, ou chaque heure après l’autre au début, est plus facile à gérer. Dans les moments les plus sombres, survivre à chaque jour, que ce soit à la maison ou au travail, est déjà énorme. Mieux vaut prendre chaque jour comme il vient et s’adresser à soi-même comme on le ferait à son meilleur ami dans une telle situation.
Techniques de libération émotionnelle
En relâchant les blocages énergétiques du corps, les techniques de libération émotionnelle éliminent la source d’intensité et d’inconfort émotionnels. Etre capable de se libérer des émotions négatives, de la croyance et du sentiment limitatifs d’être une ratée permettent de faire preuve de plus de bonté envers soi et de lever le blâme que l’on s’impose.
Revoir tous les domaines de sa vie
Passer en revue tous les domaines de sa vie et identifier ceux qui ne rendent pas service est un outil extrêmement puissant. Il est très facile de perdre de vue les différents rôles que l’on tient : prendre un peu de temps pour revoir le niveau de satisfaction apporté par le travail, par exemple, permettra de laisser place à une nouvelle vision de ce que pourrait être sa vie.
Communication
La communication est la clé de la plupart des problèmes dans la vie. On en vient facilement à refuser de parler de ce qu’on a traversé et à se sentir honteux, mais il est très efficace d’entrer en contact avec des personnes qui ont connu les mêmes épreuves. Avoir quelqu’un qui écoute son histoire, sans juger ni donner de conseil, n’a pas de prix. Tout le monde a besoin d’un espace d’expression où exprimer ses plus grandes peurs, sentiments et angoisses.
Ne pas avoir d’enfant malgré soi est encore un sujet largement tabou, mais il est possible de vivre une vie heureuse, épanouie, pleine de sens et agréable sans enfant.
Retrouvez sur le site de fiv.fr le témoignage d’Anne-Marie sur son parcours : des essais au deuil de l’enfant.
Très bel article, je m’y retrouve beaucoup. Déculpabilisant, c’est tellement rare. Je le trouve bienfaisant et apaisant. Merci pour ce partage.