Témoignage : « Accepter l’idée que je ne serai jamais mère a été douloureux »
article sur mariefrance
http://www.mariefrance.fr/equilibre/psycho/parlons-en/temoignage-pendant-quatre-ans-mon-desir-detre-mere-ete-obsession-65760.html
« J’ai eu très tôt le désir d’être mère. J’avais le sentiment d’être destinée à m’occuper de petites têtes blondes. Je pense que cela s’explique, entre autres, par le fait que j’ai grandi entourée de figures féminines emblématiques. J’ai aussi beaucoup protégé mon petit frère, notamment quand nous étions en pension. Pour moi, avoir des enfants était une évidence. Ainsi, lorsqu’en mars 1999, Mounir, l’homme de ma vie, et moi décidons de devenir parents, je m’attendais à ce que notre désir se concrétise en l’espace de quelques semaines. Je n’imaginais pas un instant le parcours du combattant qui nous attendait.
Pendant quatre ans, j’ai été prête à tout pour devenir mère, pour voir mon ventre s’arrondir. C’était une véritable obsession, 24h sur 24, sept jours sur sept. C’était la seule chose qui comptait à mes yeux. J’enchainais les tests de grossesse, je guettais le moindre signe de mon corps qui me dirait que j’étais enceinte. J’ai d’ailleurs eu régulièrement l’impression de l’être. J’avais des nausées, j’étais prise d’une fatigue écrasante, mes seins s’arrondissaient… Mon corps entier semblait combler mes attentes. Mais mon ventre, lui, restait terriblement vide. Pendant ces mois d’attente, j’ai relégué mon travail et ma vie sociale au second plan. Je me suis oubliée en tant que femme.
Après une première fausse couche et une grossesse extra-utérine, nous avons eu recours à la procréation médicalement assistée (PMA). Concrètement, il nous a fallu des mois d’attente pour obtenir un premier rendez-vous. Et puis, après, les semaines ont été rythmées par les examens médicaux, les traitements lourds à base d’hormones, les déceptions… Les médecins nous voyaient comme un dossier. Ils ne s’intéressaient pas à la femme et à l’homme en souffrance. Après plusieurs inséminations artificielles, alors que nous envisagions la fécondation in vitro, nous avons du tout arrêter. A la suite de ma deuxième grossesse extra-utérine, j’ai fait une hémorragie sévère. Une partie de mes trompes a été amputée. J’ai du renoncer à mes espoirs de maternité, il en allait de ma santé.
Nous avons alors entamé les démarches pour adopter, mais notre couple, usé par ces échecs à répétition, n’a pas résisté. La distance s’était peu à peu installée entre nous. A chaque début de grossesse (*), je me projetais dans un univers rose layette, en imaginant la vie avec mon petit bout. Des semaines de bonheur absolu. A chaque fausse couche, j’étais dévastée, beaucoup plus que mon compagnon qui ne vivait pas les choses dans sa chair comme moi. La PMA n’a rien arrangé, au contraire. La médecine s’est immiscée jusque dans notre vie intime, en nous demandant d’avoir des rapports sexuels programmés à des jours bien précis selon mon cycle d’ovulation. C’est terrible à vivre pour un couple. Les traitements étaient aussi très abrasifs, difficiles à supporter physiquement et psychologiquement. Il n’y avait plus de place pour la légèreté dans notre quotidien.
J’ai voulu préserver mon entourage et mon compagnon en gardant mes souffrances pour moi. Avec le recul, je pense que c’était une erreur. Il faut en parler sinon les gens ne savent plus quoi vous dire, que faire pour vous aider. Un vrai mal-être s’installe. Certaines remarques de proches m’ont insupportée. La pire ? Le fameux « C’est pas grave ! ». Quand on vous dit cela après une fausse couche, ça vous touche en plein cœur. Si c’est grave de perdre un bébé, à n’importe quel stade de la grossesse. Etre suivie par un psychologue spécialisé m’a aidée à faire le deuil de la maternité. Le sport a aussi été un exutoire, tout comme mon travail. Le chemin a été long et douloureux pour accepter l’idée que je ne serai jamais mère. Mais, aujourd’hui, je le dis haut et fort, la vie est belle. J’ai encore du mal à prendre un nourrisson dans les bras, mais, je me sens épanouie dans ma vie de femme sans avoir d’enfants. Une chose qui était inconcevable pour moi il y a encore quelques années. »
(*) Mireille a été enceinte sept fois.
Témoignage très poignant de Mireille Margarito qui avait été diffusé dans le portrait de la semaine de l’émission Sept à Huit de TF1 du 13 avril 2014.
Elle prend la parole pour raconter sa souffrance face à ce ventre vide, mais aussi pour dire que l’on peut surmonter l’impossibilité de devenir mère et s’épanouir malgré tout.
http://videos.tf1.fr/sept-a-huit/reve-d-enfant-8399334.html
Voici un extrait de son livre « Une vie à t’espérer – Mon combat pour être mère » aux Editions Michalon.
« Comme toutes les petites filles, je le savais, j’allais rencontrer le Prince Charmant, nous allions être heureux, nous marier, et avoir beaucoup d’enfants ! Le Prince charmant est arrivé, nous avons été merveilleusement heureux, jusqu’au jour où j’apprends que je suis enceinte, j’ai 34 ans. Le conte de fées a alors pris fin, dans une mare de sang, par un beau matin de printemps. Première fausse couche à 9 semaines et demi, seconde fausse couche deux mois plus tard, puis le recours aux traitements médicaux durant deux ans : 3 inséminations, 2 FIV… Un parcours du combattant : rapports sexuels programmés, effets secondaires des médicaments, piqûres quotidiennes, ponctions, corps mutilé… Mireille veut raconter ce chemin sans rien cacher : la froideur du corps médical, à l’exception du Docteur C auprès de qui elle trouve du réconfort. L’attente, la souffrance physique et psychologique, les maladresses de l’entourage – à l’exception de sa mère toujours à l’écoute et dans l’empathie – la honte, les espoirs, les déceptions. Les frustrations aussi, la profonde injustice ressentie qui pousse à jalouser les autres mères, les conséquences sur le couple… Et quand la nature refuse avec autant d’insistance, qu’elle rejette pendant des années toutes les tentatives pour l’amadouer, il faut savoir renoncer. Mireille a décidé d’écrire ce livre pour les futurs « ventres vides ». Parce qu’elle aurait tant aimé trouver un témoignage qui l’aurait déculpabilisée, aidée à ne pas se voir comme un monstre et lui aurait permis de sentir moins seule. Ce livre est aussi sa révolte contre tous les phrases assassines qui se veulent bienveillantes : « Ça viendra en son temps… Ce n’est pas si grave » »
Le livre a le mérité d’exister mais j’ai été assez déçue en le lisant, je n’ai pas retrouvé ce qui m’avait tant touché lors de son témoignage vidéo et la qualité littéraire n’est pas au rendez-vous.